La photographie est une vue de l’Alhambra de Grenade, en Andalousie. Je l’ai prise à la fin de l’hiver 2007, en compagnie de mon cousin, installé à San Roque, une localité près de Gibraltar. J’étais venu lui rendre visite et découvrir sa région d’adoption.
J’ai choisi cette image car elle est pour moi un condensé de ce dont je voudrais parler dans ce blog : la beauté et la complexité des cultures et civilisations humaines, leur relation avec diverses formes de transcendance, ainsi que leur environnement, leur rapport à la modernité.
On distingue les bâtiments si extraordinaires que les princes nasrides firent construire à partir de 1238. « Qal’at al-Hamra », qui a fini par donner Alhambra, signifie « forteresse rouge ». L’Alhambra est souvent présentée comme l’un des tout derniers fleurons de la culture musulmane de la péninsule ibérique. On peut même lire que c’est « une architecture splendide faite avec des matériaux pauvres ». Or on ne s’en rend pas vraiment compte en visitant les lieux. En revanche, on voit bien toute la force et la cohérence de cette culture islamique épanouie à l’extrême ouest des terres d’islam. Par ailleurs, ce que l’on peut lire, voir ou entendre actuellement sur l’islam est si navrant, voire révoltant, que des monuments de ce genre apparaissent comme des signes presque évanouis de périodes plus subtiles malgré leur violence, plus raffinées malgré les affrontements entre cultures, entre communautés. Même si l’on est beaucoup revenu sur la prétendue tolérance d’al Andalus, c’est à dire la période musulmane de l’Espagne et du Portugal confondus, il faut bien reconnaître que ces territoires ont été un creuset culturel incroyable, et ce dans tous les domaines : musicaux, littéraires, picturaux, architecturaux, et bien entendu religieux, avec le plus éminent d’entre tous, le Sheikh Akbar, doctor maximus, Muhyi-d-din ibn ‘Arabi.